Présentation
Un historien de la littérature écrivait que « Napoléon se rêvait peut-être Chateaubriand » lorsqu’il écrivait son Dialogue sur l’Amour, avant de devenir le chef d’une armée qui allait changer le cours de l’histoire. À l’inverse Chateaubriand rêvait d’être Napoléon. C’est dire la fascination de l’empereur sur l’écrivain et l’ascendant de l’auteur du Génie du christianisme sur l’empereur qui nomma Chateaubriand premier secrétaire à Rome en 1803.
Extrait
« J’étais dans la galerie, lorsque Napoléon entra : il me frappa agréablement ; je ne l’avais jamais aperçu que de loin. Son sourire était caressant et beau ; son œil admirable, surtout par la manière dont il était placé sous son front et encadré dans ses sourcils. Il n’avait encore aucune charlatanerie dans le regard, rien de théâtral et d’affecté. Le Génie du Christianisme, qui faisait en ce moment beaucoup de bruit, avait agi sur Napoléon. Une imagination prodigieuse animait ce politique si froid : il n’eût pas été ce qu’il était, si la muse n’eût été là ; la raison accomplissait les idées du poète. Tous ces hommes à grande vie sont toujours un composé de deux natures, car il les faut capables d’inspiration et d’action : l’une enfante le projet, l’autre l’accomplit. »