Antivacunas y dolencias en el deporte

Le sport de haute intensité représente-t-il un danger pour les athlètes vaccinés contre le Covid-19 ? La question fait l’objet de nombreuses discussions sur les réseaux sociaux. Un article du site israélien Real Time News alerte sur « une épidémie soudaine » d’athlètes victimes d’arrêts cardiaques depuis décembre 2020, date du début de la vaccination contre le Covid-19.

Cette publication datée du 13 novembre, très partagée sur les réseaux sociaux par les antivax, affirme qu’il y a eu une « augmentation de cinq fois des décès cardiaques soudains des joueurs de la FIFA en 2021 ». « Bien que le statut vaccinal des athlètes blessés ne soit pas publié dans tous les cas, il est souvent difficile, voire impossible, pour les athlètes professionnels de continuer à jouer sans être vacciné », continue l’article, qui cite l’exemple du footballeur danois, Christian Eriksen, victime, au mois de juin, d’un arrêt cardiaque pendant l’Euro de football – un accident qui pourtant, n’avait aucun lien avec la vaccination contre le Covid-19.


LES DÉCODEURS

Covid-19 : les arrêts cardiaques chez les jeunes sportifs ont-ils augmenté avec le vaccin ?

Des accidents cardiaques survenus chez des athlètes sont instrumentalisés dans des publications en ligne à partir de calculs erronés.

Par Assma Maad 

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/11/19/covid-19-les-arrets-cardiaques-chez-les-jeunes-sportifs-ont-ils-augmente-avec-le-vaccin_6102663_4355770.html

Une liste de joueurs qui ne prouve rien

Pour prouver qu’il y aurait cinq fois plus de footballeurs morts d’arrêts cardiaques cette année, le site a compilé une centaine d’articles publiés en 2021 relatant la mort de sportifs après des malaises cardiaques pendant un match ou lors d’un entraînement. Il parvient au chiffre de 21 footballeurs de la FIFA victimes de mort subite. Puis, pour savoir si ce chiffre a augmenté depuis le début de la vaccination, l’auteur se base sur une page Wikipedia qui recense les « footballeurs de la FIFA morts pendant un match » : entre 2001 et 2020, il y aurait ainsi eu en moyenne 4,2 morts par an dues à un arrêt cardiaque.

Pour confirmer cette moyenne de quatre morts annuelles, l’auteur procède à un second calcul basé sur un article du British Medical Journal qui affirme qu’une mort subite touche un athlète sur 50 000, et un communiqué de la FIFA de 2006 où il lit qu’il y a « 265 000 » licenciés dans les clubs de football dans le monde. Il en déduit qu’on compte cinq décès par an environ. Ce qui conduit l’auteur à conclure que, avec les 21 décès recensés en 2021, « cinq fois plus d’athlètes de la FIFA sont morts cette année [par rapport aux] années précédentes ».

Mais ces deux modes de calcul sont peu rigoureux. D’une part, la liste des athlètes morts en 2021 est une compilation d’articles de presse (émanant parfois de sites douteux) rapportant le décès de sportifs, la plupart du temps sans préciser la cause du décès – il peut donc s’agir d’éventuels problèmes de santé préexistants – ni le statut vaccinal. D’autre part, le communiqué de la FIFA n’évoque pas 265 000 licenciés, mais 265 millions. Si l’on applique le calcul évoqué dans le point précédent, on pourrait redouter non pas 5 mais 5 300 morts de footballeurs par an.

Dans tous les cas, ces calculs sont considérés comme ineptes par les spécialistes interrogés par Le Monde. « Cette histoire d’excès de mort subite est une construction de la sphère antivax qui met en exergue chaque article de presse sur le sujet mais que rien ne vient confirmer de manière objective et chiffrée », explique le cardiologue Florian Zores, auteur du blog « Insuffisant cardiologue ». « L’étude est complètement fallacieuse en termes d’estimation du risque annuel de mort subite chez les footballeurs », estime Pierre Ollitrault, médecin au CHU de Caen et spécialiste de la cardiologie du sport. La preuve, explique-t-il, « est que j’ai mis des défibrillateurs à des joueurs de football qu’on a pu récupérer, et leur nom n’est même pas dans la liste ! C’est de la statistique au rabais ». Jointe par Le Monde, la FIFA n’a pas répondu à nos sollicitations.

Il s’agit d’un classique du discours complotiste qui rapporte des événements, quitte à instrumentaliser des drames sans le moindre contexte, afin de semer le doute dans les esprits. D’autant que des cas de morts subites dans le football se sont bien produits avant le Covid-19, et que ces accidents n’ont malheureusement rien d’inédit.

Un phénomène spectaculaire, mais rare

Les arrêts cardiaques dans le football, comme le malaise récent de Christian Eriksen, ou la mort du footballeur camerounais Marc-Vivien Foé en 2003, marquent les esprits. « Les décès des sportifs choquent parce qu’ils sont jeunes et supposés être en bonne santé et suivis » explique le docteur Zores. Mais chez les athlètes de haut niveau, malgré des bilans poussés, « certaines pathologies sont indétectables », précise le cardiologue.

Paradoxalement, la pratique régulière d’un sport est bénéfique pour la santé (elle diminue le risque de cancer, de maladie cardiovasculaire, d’obésité, de diabète, etc.) mais n’immunise pas contre les problèmes cardiaques. Selon le docteur Ollitrault, « au moment où on pratique l’activité physique en question, il y a un surrisque transitoire d’événement cardio-vasculaire si on a une pathologie sous-jacente souvent méconnue » :

« Le sport n’est donc pas la cause de la mort subite, mais c’est le facteur déclenchant. Souvent, la mort subite survient au moment de l’effort, mais aussi dans les heures qui suivent. C’est heureusement un phénomène rare. »

La proportion d’arrêts cardiaques est difficile à estimer selon les athlètes, car elle dépend de nombreux facteurs comme l’âge, le sexe, le type et l’intensité du sport. Mais « on estime que tous les ans, une mort subite à l’effort survient pour 50 000 à 500 000 sportifs pratiquants », affirme le cardiologue.

Le Centre d’expertise sur la mort subite de l’adulte, à Paris, estime qu’environ 1 000 cas de mort subite surviennent chaque année en France lors d’une activité sportive (40 000 cas pour toute la population), dont 50 touchent les jeunes athlètes de compétition. Ce sont les sportifs amateurs qui sont les plus touchés, en majorité des hommes d’âge moyen (40 à 50 ans) avec des facteurs de risque comme l’hypertension.

Des problèmes cardiaques réels mais peu fréquents liés aux vaccins

Depuis le début de la vaccination, en décembre 2020, il est vrai que des effets secondaires avec les vaccins à ARN messager de Moderna ou de Pfizer-BioNTech ont été rapportés. Il s’agit d’inflammations du muscle cardiaque (myocardites), ou de l’enveloppe qui entoure le cœur, le péricarde (péricardites). « Ce n’est pas vraiment une surprise, la myocardite aiguë est une maladie rare généralement provoquée par un virus, et la vaccination n’est rien d’autre qu’un morceau de virus, tempère Pierre Ollitrault. Il semble donc exister un surrisque de myocardite aiguë post-vaccination, surtout chez les hommes jeunes, mais pour une raison qui demeure inconnue à ce jour. »

En juillet 2021, l’OMS reconnaissait en effet un lien « probable » entre des problèmes cardiaques et certains vaccins, mais la balance bénéfices-risques demeurait – et elle le demeure encore aujourd’hui – favorable à la poursuite de la vaccination. Plus récemment, en France, une vaste étude rendue publique en novembre a confirmé « l’existence d’un risque peu fréquent de myocardite et péricardite dans les sept jours suivant une vaccination (…), particulièrement chez les jeunes de 12 à 29 ans ». Raison pour laquelle la Haute Autorité de santé vient de déconseiller le vaccin de Moderna pour les moins de 30 ans.

Toutefois, Florian Zores se veut rassurant : « Les péricardites sont des atteintes globalement bénignes évoluant favorablement moyennant repos et traitement médicamenteux pendant un mois. » Quant aux myocardites, « elles évoluent favorablement dans la majorité des cas, mais peuvent être très rarement à l’origine de complications graves à court ou moyen terme ».

Ces problèmes cardiaques, bien que peu fréquents, ne doivent pas être ignorés, car la myocardite aiguë est l’une des causes de mort subite à l’effort chez les sportifs. Ainsi, les médecins et les cardiologues recommandent de ne pas effectuer d’efforts physiques intenses dans la semaine qui suit la vaccination, notamment en cas de fièvre ou de syndromes grippaux.


Par Assma Maad


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