A propos de l’ouvrage collectif dirigé par Juan Grigera, Argentina después de la convertibilidad (2002-2011), Imago Mundi, Buenos Aires, mars 2013, 304 pages. Disponible chez l’éditeur www.imagomundi.com.ar, 15€ plus frais de port.
http://www.contretemps.eu/lectures/argentine-d%C3%A9cennie-hors-zone-dollarLe parallèle entre la périphérie de la zone euro en crise, la Grèce en particulier, et l’Argentine de 2001 est souvent fait (dans le film Debtocracy par exemple). On connait l’histoire : un peu comme pour la zone euro, le gouvernement argentin avait choisi de se passer de monnaie autonome en fixant une parité fixe avec le dollar (la « convertibilité » : 1 peso argentin = 1 dollar). Cette parité, maintenue de 1991 à 2002, correspond à une période de néolibéralisme effréné : « privatisation des services publics, flexibilisation du travail, ouverture commerciale et financière » (p. IX)1. Ce modèle économique explosera dans une terrible crise financière, sociale et politique en décembre 2001. La population reprend alors l’initiative et, en quelques semaines, fait tomber quatre présidents. Le 23 décembre 2001, l’Argentine fait défaut sur le remboursement de la dette et, le 6 janvier 2002, la convertibilité est abandonnée2.
Que c’est-il passé ensuite ? Les marines états-uniens ont-ils envahis l’Argentine ? La terre s’est-elle ouverte sous les pieds des argentins ? L’ouvrage collectif dirigé par Juan Grigera propose de revenir sur la décennie qui suit la fin de la convertibilité et surtout qui s’ouvre avec la mobilisation sociale de décembre 2001. « L’activité politique de cette période qui a ouvert des portes, tapé sur des casseroles, récupéré et remis en production plus de 200 usines, débattu en assemblée de quartier et a semblé faire sortir les épargnants de leur condition d’individus à relation bancaire, a constitué divers sujets politiques d’une force sociale inédite. Néanmoins, ces forces sociales, capables d’avoir un ‘‘moment hégémonique’’ juste après la crise, n’ont pu mettre en œuvre une stratégie (qui de toute évidence n’existait pas) ni empêcher un règlement suivant le schéma dominant » (p. X).