09 noviembre, 2017

Les terroristes...

Les terroristes sont-ils fous?

Par Yann Andrétuan
Publié le 08/11/2017 à 11:23

Capture d'écran de la vidéo de l'État islamique diffusée le 19 novembre 2014 dans laquelle les musulmans de France sont appelés à commettre des attentats sur le territoire national. Le Figaro

FIGAROVOX/TRIBUNE - La santé mentale défaillante des terroristes est régulièrement invoquée pour justifier les attentats. Pour Yann Andrétuan, Médecin chef du service de psychologie de la Marine, la psychiatrisation du terrorisme permet d'évacuer sa dimension politique.

Depuis la vague d'attentats qui touche l'ensemble de l'Europe, des politiques, des experts s'interrogent sur la santé mentale de leurs auteurs et affirment parfois qu'ils souffrent de désordres mentaux. L'effroi causé par les actes terroristes, la froideur avec lesquels ils sont commis sont tels qu'ils ne pourraient être commis que par des fous.

La salud mental defectuosa de los terroristas se invoca regularmente para justificar los ataques. Para Yann Andrétuan, director médico del Departamento de Psicología Naval, la psiquiatría del terrorismo permite evacuar su dimensión política.
Desde la ola de ataques que afecta a toda Europa, las políticas, los expertos cuestionan la salud mental de sus autores y en ocasiones afirman que sufren trastornos mentales. El terror causado por los actos terroristas, la frialdad con que se cometen son tales que solo pueden ser cometidos por locos.

Je suis psychiatre et je ne crois pas que le terrorisme soit une folie au sens psychopathologique du terme.

La psychiatrie et la psychologie se trouvent encore une fois convoquées, alors qu'elles ne disaient rien à expliquer cette folie et à la guérir. Michel Foucault dans son ouvrage majeur La folie à l'âge classique affirmait que: l'âme des fous n'est pas folle. Y a-t-il dans les actes commis par les djihadistes une trace de folie qui permet de les renvoyer vers un «psy» plutôt qu'un magistrat?

Je suis psychiatre et je ne crois pas que le terrorisme soit une folie au sens psychopathologique du terme.

Soy psiquiatra y no creo que el terrorismo sea una locura en el sentido psicopatológico del término.
La psiquiatría y la psicología son convocadas una vez más cuando no dicen nada para explicar esta locura y curarla. Michel Foucault en su obra principal La locura en la era clásica afirmaba que: el alma del loco no está loca. ¿Hay en los actos cometidos por los yihadistas un rastro de locura que les permite enviarlos a un "psiquiatra" en lugar de a un magistrado?
Soy psiquiatra y no creo que el terrorismo sea una locura en el sentido psicopatológico del término.

Folie et violence

La folie ça n'existe pas, en tout cas au singulier. Nous autres psychiatres ou psychologues nous nous permettons parfois d'utiliser ce mot pour signifier le caractère exceptionnel de la clinique de certains de nos patients. Il faudrait parler des folies et encore cela n'est pas très satisfaisant car la folie c'est comme le cancer: les profanes y voient une maladie unique alors que pour les spécialistes il s'agit d'un concept valise qui permet de résumer une réalité bien plus complexe.

Certains délireront toute leur vie, persuadés des plus extraordinaires théories et sans jamais consulter un psychiatre alors qu'un patient phobique, le plus rationnel qui soit et reconnaissant lui-même le caractère absurde de ses symptômes sera terriblement handicapé. Le domaine de la psychiatrie recouvre des réalités complexes et les patients vivent tous différemment leurs symptômes, certains en souffrent et d'autres pas du tout.

Les malades mentaux sont-ils plus violents? Des faits divers ont ému l'opinion par la violence du geste commis par certains d'entre eux. Ainsi en 2004, des infirmières d'un centre hospitalier spécialisé furent décapitées. Un homme souffrant d'hallucinations a poussé quelqu'un sous les rails du métro. On pourrait multiplier les exemples et finalement donner l'impression que l'essentiel des crimes est commis par des sujets souffrant de troubles mentaux.

Une étude menée dans les années 90 a montré que la probabilité d'être agressé par un individu ayant consulté un psychiatre est dix fois moins élevée que de l'être par quelqu'un sans antécédent. Les services de psychiatrie peuvent être bruyants mais rarement violent.

La locura no existe, al menos en singular. A veces, los psiquiatras o los psicólogos nos permiten usar esta palabra para expresar el carácter excepcional de la clínica de algunos de nuestros pacientes. Deberíamos hablar derroche y sin embargo no es muy satisfactorio, porque la locura es como el cáncer: los legos ven como una sola enfermedad, mientras que para los expertos es un concepto baúl de viaje que permite resumir realidad mucho más compleja.
Algunos délireront toda su vida, creyendo las teorías más extraordinarios y nunca ver a un psiquiatra, mientras que un paciente fóbico, la más racional y reconociendo que es en sí el absurdo de sus síntomas será terriblemente discapacitados. El campo de la psiquiatría abarca realidades complejas y todos los pacientes viven de forma diferente sus síntomas, algunos sufren y otros no.
¿Son los enfermos mentales más violentos? Varios hechos movieron la opinión por la violencia del gesto cometido por algunos de ellos. En 2004, las enfermeras de un centro hospitalario especializado fueron decapitadas. Un hombre que sufría de alucinaciones empujó a alguien bajo los rieles del metro. Podríamos multiplicar los ejemplos y finalmente dar la impresión de que la mayoría de los crímenes son cometidos por sujetos que padecen trastornos mentales.
Un estudio realizado en la década de 1990 mostró que la probabilidad de ser atacado por un individuo que ha consultado a un psiquiatra es diez veces menor que la de alguien sin antecedentes. Los servicios psiquiátricos pueden ser ruidosos, pero rara vez violentos.

J
'ai exercé pendant 12 ans dans des services de psychiatrie dans divers hôpitaux, certes ouverts, mais je n'ai jamais attaché un patient.

Il est plus raisonnable d'affirmer que les malades mentaux seraient plus vulnérables aux conditionnements idéologiques. Il serait plus facile d'embrigader un fou qu'une personne saine.

J'ai été agressé une seule fois par une patiente de 90 ans démente.

L'unique fois où des personnels de l'équipe ont été agressés physiquement a été par un patient que nous connaissions peut-être trop bien et chez qui nous n'avions pas su reconnaître les signaux de dangerosité, la surprise majorant la violence du geste.

Il ne faut pas dénier le caractère parfois imprévisible d'éruption de la violence chez certains patients mais cela reste rare.

Un argument d'apparence plus raisonnable est d'affirmer que les malades mentaux seraient plus vulnérables aux conditionnements idéologiques. Il serait plus facile d'embrigader un fou qu'une personne saine. On surestime sans doute la raison. Des personnes très raisonnables font confiance à leur horoscope et trouveront toutes les raisons pour y croire et d'agir en fonction d'une prédiction.

Certains individus trouveront une cause qui donnera du sens à leur délire ou à leur psychopathie, c'est un fait mais combien? Il ne faut pas craindre une épidémie de terroristes potentiels dans les services de psychiatrie. La folie est difficile à embrigader.

Les armées ont toujours écarté les candidats à l'engagement souffrant de troubles mentaux les jugeant incontrôlables. Les Anglais quand ils ont fondé les premiers commandos ont imaginé recruter des sociopathes pour leur absence de résistance à tuer. Ce fut un échec. Ils sont alors allés chercher des hommes, diplômés et souvent issus de la bonne société anglaise, ne présentant pas de troubles psychiatriques mais au profil atypique.

Il faut se méfier de la tendance à vouloir «naturaliser» les comportements c'est-à-dire à leur chercher une vérité biologique ou scientifique. A notre époque affirmer qu'un produit, un comportement est naturel lui donne d'emblée une légitimité. Les débats autour du mariage pour tous en sont une bonne illustration. Les opposants au projet de loi se sont servis d'arguments biologiques pour montrer la primauté de l'hétérosexualité dans la reproduction, quand les pour ont utilisé des exemples du monde animal pour affirmer l'universalité de l'homosexualité. Mais l'être humain n'est ni un bonobo, ni un macaque même en invoquant un lointain cousinage.

Un argumento más razonable es que los pacientes mentales son más vulnerables al condicionamiento ideológico. Sería más fácil reclutar a un loco que a una persona sana. Probablemente sobreestimamos la razón. Las personas muy razonables confían en su horóscopo y encuentran todas las razones para creerlo y actuar de acuerdo con una predicción.
Algunas personas encontrarán una causa que dará sentido a su delirio o su psicopatía, es un hecho, pero ¿cuánto? No hay temor de una epidemia de posibles terroristas en los servicios psiquiátricos. La locura es difícil de engañar.
Los ejércitos siempre han descartado a los candidatos con trastornos mentales como incontrolables. Los ingleses cuando fundaron los primeros comandos imaginaban reclutar sociópatas por su falta de resistencia para matar. Fue un fracaso. Luego fueron a buscar hombres, graduados y, a menudo, de la buena sociedad inglesa, sin presentar trastornos psiquiátricos sino un perfil atípico.
Uno debe desconfiar de la tendencia a querer "naturalizar" los comportamientos, es decir, buscar una verdad biológica o científica. En nuestro tiempo, afirmar que un producto, un comportamiento es natural le da legitimidad de inmediato. Los debates sobre el matrimonio para todos son una buena ilustración. Quienes se oponen al proyecto de ley han utilizado argumentos biológicos para mostrar la primacía de la heterosexualidad en la reproducción, cuando los profesionales han utilizado ejemplos del mundo animal para afirmar la universalidad de la homosexualidad. Pero el ser humano no es ni un bonobo ni un macaco, incluso al invocar a un primo lejano.

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n naturalisant le problème du terrorisme, on évacue sa dimension politique. On ne peut être en guerre contre

En naturalisant le problème du terrorisme, on évacue sa dimension politique.

des fous, le progrès finira bien par absorber ces fauteurs de troubles grâce à la toute-puissance de la Science! Mais c'est penser la Science comme une forme de maîtrise plutôt qu'un mode particulier de connaissance du monde. Dans ce processus de naturalisation la Science (qui n'existe pas au même titre que la folie) doit non seulement expliquer (ce qui est sa fonction première) mais aussi agir (ce qui est la fonction des ingénieurs).

Un crime dans la tête

Le lavage de cerveau permettrait de modifier le comportement d'un individu même à son insu. Très populaire dans les années 50 et 60, cette explication permettrait d'expliquer comment des groupes, des organisations peuvent influencer des individus.

La psychiatrie soviétique est allée plus loin dans cette logique. Pas besoin d'une action de l'adversaire pour expliquer que certains citoyens puissent s'opposer activement au gouvernement. L'Union soviétique est une société parfaite. Si on s'y oppose ce ne peut être que du fait de la folie. Le syllogisme est imparable et conduisit de nombreux dissidents à être hospitalisé .

Ce qui compte en désignant les terroristes soit comme des victimes soit comme des fous, n'est pas l'explication de leurs actes mais la conséquence de ces conclusions: on peut les guérir de leur égarement. Somme toute, si on peut convaincre une victime de secte d'abandonner celle-ci, alors la même opération est possible avec un terroriste.

On pourrait donc «déradicaliser» des candidats terroristes par des techniques psychologiques, en inversant en quelque sorte le processus de conditionnement, et ainsi les transformer en bon citoyen. C'est en tout cas ce qu'on promit en 2015 certaines associations…

El lavado de cerebro podría cambiar el comportamiento de un individuo incluso sin su conocimiento. Muy popular en los años 50 y 60, esta explicación explicaría cómo los grupos y las organizaciones pueden influir en los individuos.
La psiquiatría soviética fue más allá en esta lógica. No hace falta una acción del adversario para explicar que algunos ciudadanos pueden oponerse activamente al gobierno. La Unión Soviética es una sociedad perfecta. Si nos oponemos, solo puede ser debido a la locura. El silogismo es imparable y llevó a muchos disidentes a ser hospitalizados.
Lo que cuenta al designar a los terroristas como víctimas o locos no es la explicación de sus acciones, sino la consecuencia de estas conclusiones: pueden ser curados de su equivocación. Con todo, si puedes convencer a una víctima de culto para que la abandone, entonces la misma operación es posible con un terrorista.
Por lo tanto, uno podría "desradicalizar" a los candidatos terroristas mediante técnicas psicológicas, invirtiendo de alguna manera el proceso de condicionamiento y convirtiéndolos así en un buen ciudadano. Esto es en todo caso lo que prometimos en 2015 algunas asociaciones ...

S
oit.

Peut-on pour autant comparer la préparation idéologique par la propagande dont l'EI est passé maître à un conditionnement mental? Al Qaïda a toujours combattu l'idée que ces hommes étaient irresponsables ou l'objet d'un complot.

On oublie le moteur puissant des fanatiques religieux de tout bord: la foi. La foi n'est pas un objet de la psychiatrie. Elle peut intéresser le psychologue ou l'anthropologue mais peu le psychiatre.

Mais au-delà de ces questions du conditionnement, c'est faire aussi peu de cas de ce qui semble motiver ces jeunes hommes: la foi. Car à vouloir absolument ne pas stigmatiser une religion, on oublie ce moteur, puissant des fanatiques de tous bords (religieux ou non). Cela ne veut pas dire que tous les croyants sont des fanatiques mais tous les fanatiques ont une foi tel qu'elle leur permet de diviser le monde en deux: ceux qui l'ont et ceux qui ne l'ont pas.

La foi n'est pas un objet de la psychiatrie. Elle peut intéresser le psychologue ou l'anthropologue mais assez peu le psychiatre. Elle l'intéresse par rapport au délire. Comment faire la différence entre la foi et un délire d'autant plus que certains thèmes délirants ont toutes les apparences du mysticisme.

Jaspers apporte une réponse, à mon sens pas totalement satisfaisante qui est celle de l'incorrigibilité. Le délire n'est pas corrigible et il ne relèverait pas d'un processus de construction et d'élaboration au contraire de la foi. Il est vrai que le délire, chez certains relève d'une illumination, d'une évidence qui éclaire d'un coup le monde.

La différence entre la foi et une idée délirante est donc ténue et nous devons faire appel dans certains diagnostics à d'autres critères (symptômes associés, biographie). Georges Devereux a par ailleurs montré de façon magistrale comment considéré ce qui est de l'ordre du psychique et du culturel dans La psychanalyse des Indiens de la plaine. Pour lui, le pathologique apparaît dans le recours à la culture de l'homme blanc c'est-à-dire la psychiatrie.

Admettons que l'on puisse déconditionner quelqu'un de sa foi, de ces convictions profondes. L'abîme qui s'ouvre est à la fois vertigineux et terrifiant.

Si nous avons la possibilité de modifier les convictions profondes d'un individu au nom de la sûreté de la société pourquoi ne pas le faire au nom de la norme? Aux USA des programmes de reconditionnement prétendent modifier l'orientation sexuelle en «transformant» des homosexuels en hétérosexuels. On pourrait aussi imaginer modifier l'opinion de ceux opposés au progrès pour la simple raison qu'ils sont rétrogrades.

Finalement notre société ressemblerait à l'Union soviétique où la norme serait une tyrannie. Nous n'en sommes pas loin quand on songe que certaines universités américaines prévoient des lieux où les minorités se retrouvent entre elle et où tous débats sont évités…

Terrorisme mémétique

Il n'y a plus besoin pour être terroriste d'avoir fait le voyage jusqu'à Moscou ou Damas (époque Guerre Froide) et être allé dans un camp d'entraînement. L'idée suffit.

Ce qu'il y a de nouveaux dans ce que nos sociétés affrontent, est que le terrorisme devient une affaire de profane (sic). Il n'y a plus besoin pour être terroriste d'avoir fait le voyage jusqu'à Moscou ou Damas (époque Guerre Froide) et être allé dans un camp d'entraînement. L'idée suffit.

Richard Dawkins est un biologiste évolutionniste connu pour avoir développé la théorie du gène égoïste. Cette théorie l'a conduit à élaborer celle des mêmes. Selon le scientifique anglais, les idées sont comme les gènes: elles cherchent à se répliquer.

Une idée (concept, symbole, croyance…) va donc chercher à se reproduire dans le plus grand nombre d'esprits possible et la conscience humaine représente l'écosystème parfait. Il fonde le néologisme même à partir du mot gène et du latin mens, l'esprit pour désigner ces idées. Pour Dawkins, la religion est l'un des mêmes les plus puissants.

Les idées pourraient se reproduire comme des virus et rentrer en compétition pour le contrôle d'un même écosystème: notre esprit. La théorie des mêmes a connu peu de succès en France d'abord parce qu'elle soulève des problèmes épistémologiques importants.

Néanmoins il faut reconnaître que certains concepts possèdent des pouvoirs d'attraction importants comme une histoire drôle qui se diffuse ou une rumeur ou encore certaines expressions. Penser des idées comme des virus permet, en restant très prudent d'imaginer comment elles se diffusent.

Les sujets souffrant de pathologie mentale sont-ils plus vulnérables à la propagande d'un groupe terroriste. En d'autres termes sont-ils de bons terrains aux mêmes?

La question est complexe et plusieurs fois soulevée, dans d'autres contextes certes.

Par exemple au XVIIème siècle les confesseurs s'inquiétaient de l'influence des romans sur l'esprit des jeunes filles. L'Europe du XIXème a imputé au Jeune Werther de Goethe l'épidémie de suicide qui toucha la jeunesse. Plus près de nous, l'opinion a vu dans les dessins japonais un danger pour les jeunes esprits. On cherche dans la génération des quadras en quoi Goldorak a provoqué une épidémie de violence.

Néanmoins persiste l'idée que certains concepts peuvent avoir au minimum une influence néfaste sur des esprits malléables ou vulnérables. Le problème est d'identifier la vulnérabilité d'un esprit. Il y a des profils de personnalités qui peuvent adhérer et faire de très bons fanatiques. La paranoïa est une structure qui peut entraîner une adhésion sans réserve à une cause. Pour autant tous les paranoïaques ne deviennent pas terroristes. Il faut qu'ils reconnaissent dans une cause quelque chose qui face résonance. Comme n'importe qui en fait.

Arrogance et altérité

Nous sommes persuadés que notre société ou nos idéaux représentent le paroxysme de la civilisation. Les progrès de la science associés aux progrès sociaux doivent nous permettre de résoudre la plupart des enjeux qui se présentent à nous. Nous sommes éduqués, tolérants, ouverts à toutes les cultures, les orientations sexuelles, les choix de vie et pacifiques. Que d'arrogance!

Les djihadistes ne sont pas des Soviétiques qui n'avaient pas grand-chose à espérer et dont la majorité voyait l'Ouest avec beaucoup d'envie.

Il ne s'agit pas d'une posture politique de droite ou de gauche. Les Américains ont cru qu'apporter les bienfaits de la démocratie suffirait à créer un cercle vertueux qui produirait la paix au Moyen Orient. De l'autre bord politique, prévaut l'idée qu'il suffit d'être ouvert, accueillant envers l'autre pour qu'en miroir il devienne à son tour tolérant.

Les djihadistes ne sont pas des Soviétiques qui n'avaient pas grand-chose à espérer et dont la majorité voyait l'ouest avec beaucoup d'envie et qui se sont convertis à grande vitesse à la société de consommation lorsqu'ils en eurent la possibilité.

Le problème de l'Occident est l'autre et c'est pourquoi beaucoup voient dans le terrorisme une forme de psychopathologie. L'autre c'est le fou, le perturbateur de l'ordre et de la norme. Etymologiquement, aliéné, aliénation viennent du latin alienus, autre. L'aliéné représente ce qu'il y a de plus autre ce que Freud après les frères Grimm nomme l'inquiétante étrangeté (traduction approximative de l'allemand Unheimliche). Le fou nous ressemble et d'ailleurs ne se distingue pas de la personne saine d'esprit. Mais il est censé être imprévisible et donc dangereux.

Certes l'accueil de l'autre, l'ouverture et la tolérance sont des valeurs largement promues et constituent parfois un programme politique. Mais objectivement nos sociétés acceptent ces autres à la condition qu'ils soient des victimes. Les associations qui aident les migrants de façon active mettent en avant l'impératif humanitaire. L'autre est foncièrement pacifié et ne peut être pensé en dehors des catégories de la victime et l'homme occidental du bourreau.

Si vous n'avez pas ma haine, vous aurez quoi?

On ne hait pas un fou, on le soigne. En tout cas, on le laisse dans des mains supposées compétentes. On peut certes s'émouvoir, avoir de la compassion mais finalement nous y sommes relativement indifférents.

Un journaliste, Antoine Leiris a écrit un beau texte, poignant à la suite des attentats de novembre 2015 où il a perdu sa femme. Il écrit ne pas vouloir être haineux envers les auteurs de ces actes et qu'en substance seule la culture nous sauvera.

Que faut-il ressentir alors?

Certes la haine empêche de raisonner et de considérer les événements actuels de façon globale. Mais ne faut-il pas plutôt affirmer que les monstres existent et qu'il est impératif de les combattre?

Devant un tel acte n'est-il pas naturel de ressentir de la colère et de la haine envers ceux qui nous considèrent comme des ennemis pour le simple fait que nous ne partageons pas les mêmes croyances? La majorité des commentaires de ce texte saluent son caractère puissant, émouvant et courageux. Mais aucun ne s'interroge sur l'aporie qu'il propose: finalement quel sentiment avoir envers ces terroristes?

Ne pas ressentir de la haine et même aucun sentiment c'est être indifférent. Or l'indifférence face à une menace est le comble de l'arrogance. Résister c'est continuer à vivre malgré tout et ne pas se laisser sidérer par la peur que veulent provoquer les terroristes. Mais n'éprouver aucun sentiment envers ces actes est une forme de mépris. Il ne faut jamais mépriser son ennemi.

Il est évident que le but ne doit pas être l'exercice de la vengeance mais bien la suppression de cette menace et que la réponse ne peut être seulement armée. Il faut aussi penser à la paix et donc aux causes qui nous ont conduits en Occident à cette situation.

Certes la haine aveugle, empêche de raisonner et de considérer les événements actuels de façon globale.

Mais ces gens qui tuent sans distinction dans nos rues doivent-ils être traités avec indifférence comme une nuisance, irritante mais qui disparaîtra un jour, comme les moustiques en été (sic).

Ou ne faut-il pas plutôt que vouloir opérer une recherche des causes premières que ce soit celle de la folie, de l'histoire ou de la société et de ses insuffisances, affirmer que les monstres existent et qu'il est impératif de les combattre.

Ciertamente, el odio impide pensar y considerar los eventos actuales de una manera global. ¿Pero no deberíamos afirmar que los monstruos existen y que es imperativo luchar contra ellos?
Ante tal acto, ¿no es natural sentir ira y odio hacia aquellos que nos consideran enemigos por el simple hecho de que no compartimos las mismas creencias? La mayoría de los comentarios en este texto dan la bienvenida a su carácter poderoso, conmovedor y valiente. Pero ninguno se pregunta acerca de la aporía que propone: finalmente, ¿qué sentimientos tienes hacia estos terroristas?
No sentir odio e incluso ningún sentimiento es ser indiferente. Pero la indiferencia ante una amenaza es el colmo de la arrogancia. Resistir es seguir viviendo a pesar de todo y no dejarse influir por el miedo que los terroristas quieren provocar. Pero no sentir sentimientos por estos actos es una forma de desprecio. Uno nunca debe despreciar al enemigo de uno.
Es obvio que el objetivo no debe ser el ejercicio de la venganza sino la supresión de esta amenaza y que la respuesta no puede ser solo armada. También debemos pensar en la paz y, por lo tanto, en las causas que nos llevaron a esta situación en Occidente.
Es cierto que el odio ciego impide el razonamiento y considera los eventos actuales de una manera global.
Pero estas personas que matan indiscriminadamente en nuestras calles deben ser tratadas indiferentemente como una molestia, irritante pero que desaparecerá algún día, como los mosquitos en verano (sic).
¿O deberíamos buscar las causas de la locura, la historia o la sociedad y sus insuficiencias, afirmar que los monstruos existen y que es imperativo luchar contra ellos? .

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